Ethiopia, one of the «forgotten crises»: The man is a father of nine, a widower, and has lost all his cows and goats in a drought.
Ethiopia, one of the «forgotten crises»: The man is a father of nine, a widower, and has lost all his cows and goats in a drought.

Caritas intervient dans cinq des dix «crises oubliées»

Un financement supplémentaire est nécessaire de toute urgence

En Éthiopie, au Burkina Faso, au Mali, en Colombie et au Venezuela se déroulent en silence des « crises oubliées ». Dans ces pays, la situation est extrêmement fragile, les besoins humanitaires sont énormes. Caritas Suisse demande donc davantage de fonds à la Confédération pour aider les personnes qui vivent dans ces pays.

Chaque année, l’organisation non gouvernementale internationale Norwegian Refugee Council (NRC) publie la liste des dix « crises oubliées » de ce monde. Elle cherche ainsi à attirer l’attention des opinions publiques sur la détresse de toutes celles et tous ceux dont la détresse ne fait que rarement, voire jamais, la une des journaux. En effet, lorsqu’on oublie les crises, on réduit la pression qui permettrait de trouver une solution au plan international. De plus, les dons sont de moins en moins nombreux, alors qu’ils sont absolument nécessaires.

Cette année, le NRC a identifié des « crises oubliées » dans les pays suivants : l’Éthiopie, le Burkina Faso, le Burundi, le Salvador, le Cameroun, le Cameroun, la Colombie, le Congo, le Mali, le Soudan et le Venezuela. Caritas Suisse est active, parfois depuis des décennies, dans la moitié de ces pays. Le point commun de ces États est que leur situation est extrêmement fragile. Pratiquement tous les secteurs de la vie s’en ressentent : l’économie, la politique, la société, la sécurité, et même l’environnement avec les sécheresses ou les inondations récurrentes. Cette fragilité a des conséquences existentielles pour plusieurs millions de personnes.

Pas d’attention malgré une grande détresse

Ces crises sont considérées comme oubliées parce qu’elles durent souvent depuis des décennies. Au Mali, par exemple, les combats entre les forces gouvernementales, les rebelles et les islamistes sont récurrents depuis un certain temps. À cela s’ajoutent, entre autres, les sécheresses qui poussent des centaines de milliers de personnes à l’exode. Nombre d’entre elles vivent pendant des années dans une incertitude permanente, souvent sans accès à l’éducation, au travail ou à la participation sociale. Aucune solution durable n’est en vue.

Avec son expérience, Caritas voit que, malgré l’énorme détresse humanitaire de pays comme le Mali, une certaine lassitude s’installe dans le grand public. Les situations véritablement exceptionnelles sont considérées comme normales, les crises qui durent sont oubliées.

Pour changer cet état de fait, la coopération internationale de Caritas Suisse met l’accent sur ces « crises oubliées ». Mais les défis à relever pour apporter une aide durable dans des contextes aussi fragiles sont considérables. Souvent, les gens manquent de tout, et il faut d’abord répondre à leurs besoins fondamentaux. Ce n’est qu’ensuite que l’on va pouvoir mettre en place des projets à long terme, par exemple pour améliorer l’éducation ou pour développer des méthodes d’agriculture adaptées au climat.

L’aide à l’Ukraine au détriment du Sud mondial

Cette combinaison d’aide humanitaire à court terme et de coopération au développement à long terme exige une grande souplesse de la part de Caritas et de celle des financeurs comme la Confédération. Cette dernière contribue de manière essentielle à la coopération internationale.

Avec sa nouvelle stratégie 2025-2028, le Conseil fédéral veut certes augmenter l’aide humanitaire, mais il cherche en même temps à réduire drastiquement l’ensemble de la coopération internationale. De plus, il prévoit d’allouer une part importante du budget total, 13 pour cent, à un seul pays, l’Ukraine. À titre de comparaison, huit pour cent seulement de ce budget a été consacré récemment aux dix « crises oubliées ».

Un grand soutien à l’Ukraine est sans aucun doute nécessaire et urgent. Mais il ne doit pas se faire au détriment des plus pauvres dans les pays du Sud. Le Conseil fédéral devrait plutôt comptabiliser séparément l’aide financière à l’Ukraine, sur la base de la situation sécuritaire exceptionnelle — et ne pas réduire ses contributions aux autres pays. Ce n’est qu’ainsi que les « crises oubliées » pourront faire un petit pas pour sortir de l’oubli.

Écrit par Niels Jost

Demandes d’interviews et informations complémentaires medien@caritas.ch

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Photo de couverture: L'Éthiopie, l'une des « crises oubliées » : Cet homme est père de neuf enfants, veuf, et a perdu toutes ses vaches et ses chèvres lors d'une sécheresse. © Caritas Suisse