De nouvelles variétés pour exploiter au mieux les périodes de culture
Mon nom est Bakhtiyor Ashurov, je suis agronome et je travaille pour Caritas Suisse au Tadjikistan. Avec différents partenaires, Caritas Suisse travaille à un système de service novateur qui propose aux agricultrices et agriculteurs des alertes météorologiques préventives, ce qui les aide à prendre certaines décisions en toute connaissance de cause. Nous menons ce projet météorologique, climatique et hydrologique dans la haute vallée de Rasht et à l’est de Khatlon. Dans le cadre de ce projet, j’aide les agricultrices et agriculteurs à cultiver leurs terres de manière à la fois durable et efficace.
WPG – Woman Production Groups
Afin de rendre les femmes plus indépendantes économiquement et d’améliorer la sécurité alimentaire, nous avons créé des groupes de production de femmes («Woman Production Groups» - WPG). L’un des objectifs de ces groupes est d’améliorer le statut des femmes en leur permettant de contribuer aux revenus du ménage. Dans les WPG, les femmes s’organisent de manière autonome et cultivent des terres agricoles communes. La récolte est répartie entre les membres en fonction du travail fourni. Le développement des connaissances de ces femmes est également important, car de nombreux hommes quittent le Tadjikistan pour aller travailler à l’étranger.
Les femmes expérimentent elles-mêmes leurs méthodes de travail au sein des groupes. Une agricultrice m’a par exemple expliqué que son groupe envisageait de vendre une partie de la récolte afin d’acheter des machines qui réduiraient le travail manuel.
Formation en gestion d’entreprise et en agriculture
Je collabore avec cinq de ces WPG. Je montre aux agricultrices des méthodes de culture plus efficaces, et je leur explique le lien entre la température et la croissance des plantes. Afin que le groupe de production puisse s’organiser de manière indépendante, ces femmes ont suivi d’autres formations pour apprendre à analyser les coûts, à établir un budget et à lire les contrats.
Je les ai également formées à mesurer la température du sol afin que nous puissions collecter les données de manière systématique. Elles ont aussi acquis des connaissances sur la nutrition, par exemple le fait que les légumineuses offrent à la fois une alimentation équilibrée et permettent d’améliorer la santé du sol. Lors de ces formations, les femmes de différents groupes ont eu l’occasion d’échanger leurs points de vue et expériences.
Pois chiches particulièrement adaptés
À Khatlon, on cultive surtout des céréales, du fourrage pour animaux (p.ex. du trèfle), et des fruits (pommes, poires, raisins cerises et abricots). Jusqu’à présent, l’agriculture était pratiquée selon les connaissances traditionnelles, ce qui fonctionne certes, mais donne une récolte plutôt faible. En effet, les champs sont laissés en jachère entre les périodes de culture des produits traditionnels, par exemple lorsque l’eau est trop peu disponible pendant les étés chauds.
Dans un premier temps, nous avons proposé aux paysannes d’essayer de nouvelles cultures, comme les pois chiches. Ces derniers sont particulièrement adaptés, car on peut les semer tôt dans l’année, avant les céréales comme le blé d’hiver. Et plus tôt les pois chiches sont prêts à être récoltés, plus vite ils laissent la place à d’autres cultures. La température du sol est déterminante pour décider du moment du semis, car s’il fait encore trop froid en début d’année, les pois chiches meurent. C’est pourquoi nous relevons régulièrement la température du sol.
Des récoltes trois fois supérieures à celles de voisins
Toute l’année, les agricultrices mesurent la température du sol deux fois par jour, chaque fois à trois profondeurs différentes. Elles m’envoient les données par SMS et je les évalue en permanence. Je peux ainsi calculer l’évolution des températures du sol. Lorsque la température minimale est stable, j’envoie aux agricultrices, par SMS ou Whatsapp, une recommandation de semer.
La chaleur extrême de l’été 2021 a provoqué une conséquente baisse de rendements pour tous les agriculteurs de la région. Mais grâce à notre formation et au suivi des mesures de température du sol, l’impact de la chaleur a été moindre pour les WPG. Ainsi, les groupes du district de Muminabad ont commencé à planter leurs pois chiches deux semaines plus tôt que les agriculteurs voisins. Les semis précoces ont permis aux groupes de faire leur récolte au début de la vague de chaleur, ce qui a entraîné des rendements trois fois plus élevés par rapport aux agriculteurs voisins qui avaient respecté les dates de plantation traditionnelles.
L’ajout de nouvelles cultures est prévu
Jusqu’à présent, nous ne réalisons ce programme que pour les pois chiches. Le premier essai a toutefois très bien fonctionné. Dès la saison prochaine, nous étendrons le programme à d’autres cultures comme les pommes de terre (à partir de mai) et le blé (à partir de novembre). Ce sont les principaux produits agricoles du Tadjikistan.
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Photo de couverture: Bakhtiyor enseigne aux femmes l'agriculture durable.