Signaux contradictoires du Conseil des Etats sur la lutte contre la pauvreté
La Confédération doit élaborer une stratégie nationale de lutte contre la pauvreté. La commission du Conseil des États s'est prononcée en ce sens le 21 août. En même temps, elle dit non à la poursuite de l'actuelle plateforme nationale de lutte contre la pauvreté. Il s'agit d'une décision contradictoire qui ne tient pas compte de la situation sociale tendue en Suisse.
Le oui à la stratégie nationale contre la pauvreté est à saluer
Caritas demande depuis longtemps que la Confédération élabore une stratégie nationale de lutte contre la pauvreté. Celle-ci est nécessaire, car la lutte contre la pauvreté est organisée de manière très différente dans les cantons, ce qui entraîne des lacunes et des injustices dans le réseau social de la Suisse. Le oui de la Commission de la science, de l'éducation et de la culture du Conseil des États (CSEC-E), qui fait suite à l'approbation du Conseil national au printemps, est donc à saluer. L'élaboration d'une telle stratégie prend toutefois du temps.
La fin de la plateforme nationale contre la pauvreté entraînerait des lacunes considérables
«Mettre en veilleuse l'engagement de la Confédération dans la lutte contre la pauvreté, qui existe aujourd'hui est un signal choquant à l'égard des 1,3 million de personnes qui luttent quotidiennement contre les conséquences de la pauvreté dans notre pays. Ce n’est pas à l’honneur de la Suisse», déclare Peter Lack, directeur de Caritas Suisse. Cet automne, la Confédération annoncera selon toute vraisemblance une hausse des primes d'assurance-maladie pour la troisième fois consécutive, les coûts du logement continuent d'augmenter et le renchérissement général met les gens à rude épreuve. La décision actuelle de la CSEC-E ne tient pas compte de cette réalité des habitants de notre pays.
«Mettre en veilleuse l'engagement de la Confédération dans la lutte contre la pauvreté, qui existe aujourd'hui est un signal choquant à l'égard des 1,3 million de personnes qui luttent quotidiennement contre les conséquences de la pauvreté dans notre pays. Ce n’est pas à l’honneur de la Suisse».Peter LackDirecteur Caritas Suisse
La Plateforme nationale contre la pauvreté est donc d'une grande importance, car c'est la seule façon pour tous les niveaux de l'État, les employeurs, les travailleurs et la société civile, de travailler ensemble à cet objectif. Elle a permis de réaliser de nombreux travaux de recherche importants et donc d'acquérir des connaissances et de fournir des bases pour une pratique ciblée de la lutte contre la pauvreté. Elle a donné naissance à un concept de monitoring national de la pauvreté qui sera prochainement mis en œuvre.
Caritas demande donc au Conseil des Etats d'accepter intégralement les motions 23.4454 et 23.4450 lors de la session d'automne, contrairement à la recommandation de sa commission, comme l'a fait le Conseil national lors de la session de printemps par 117 voix contre 59. Ce n'est qu'ainsi qu'une stratégie de lutte contre la pauvreté pourra être mise en place afin d'améliorer les conditions de vie des personnes touchées par la pauvreté.
Stefan Gribi
Responsable de la communication PolitiquePlus d'informations
Photo de couverture: Campagne de solidarité «Un million d'étoiles». © Matthias Frühmorgen